En 2020, le Weekly Shonen Sunday publie Frieren, un récit de fantasy atypique qui connaît un succès critique et commercial immédiat apportant un souffle nouveau au magazine.
Un phénomène national
Frieren a été élu manga de l’année aux Manga Taisho Awards en 2021, meilleure nouveauté la même année et lauréate du prix Osamu Tezuka. Depuis le lancement, le manga s’offre une notoriété sans limite avec 5 millions de ventes au Japon en seulement 6 volumes et sans adaptation animée.
Avec ce manga, on découvre un tout jeune dessinateur nommé Tsukaba Abe, artiste remarqué pour l’histoire courte Meet Up ayant remporté en 2018 la mention honorable du meilleur nouvel auteur catégorie shônen aux 82e Shôgakukan Manga Awards. Frieren constitue la première série qu’il illustre sur une histoire écrite et imaginée par Kanehito Yamada.
Frieren : un code classique mais pas que !
Frieren joue avec un code très classique : un personnage principal part avec un groupe d’inconnus qui deviendront ses amis au fur et à mesure de la quête principale. Cette dernière consiste à éliminer le méchant qui est souvent menaçant envers la planète entière et la plupart du temps cette quête finit par être couronnée de succès.
Là où réside l’originalité de Frieren c’est que l’histoire commence quand le but est atteint et que le méchant est éliminé.
Que deviennent les héros une fois le mal vaincu ?
On suit Frieren, une elfe mage très puissante et immortelle. Elle est soutenue par son groupe d’amis : un prêtre alcoolique Heiter, un nain costaud Eisen et un très bon guerrier Himmel. Après avoir battu le roi des démons, les protagonistes sont accueillis comme des héros et le manga commence tout de suite à jouer avec le principe du temps qui passe. En effet, Frieren et ses amis viennent de passer dix ans à servir leur quête, tout son groupe d’amis a conscience qu’il a passé une partie importante de sa vie, si ce n’est la partie la plus importante, au service du bien sauf que Frieren est immortelle : Dix années ne représentent qu’un centième de sa vie comme elle le répète souvent.
Nos protagonistes vont assister à une pluie d’étoiles, un phénomène qui ne se produit que tous les cinquante ans et elle prévoit de refaire ça avec eux d’ici une cinquantaine d’années sauf que, contrairement à elle, ses amis sont mortels.
Rythme intéressant et beaux dessins
Le manga prend son temps pour expliquer les actions et pour présenter les personnages au point où on finit par s’y attacher.
Le rythme de Frieren est hyper bien géré. À chaque fois que le lecteur commence à sentir l’histoire tirer en longueur, il y a une touche d’action ou d’humour ou une accélération dans le rythme du récit.
Nous notons donc que l’auteur est extrêmement doué parce qu’il a lui-même anticipé ce qu’allaient sentir ses lecteurs.
Les dessins sont précis avec de beaux plans. Il y a très peu de cases blanches et l’auteur a pris le temps de mettre du décor pour encore plus projeter son lecteur dans ce monde de fantaisie.
Frieren nous offre une quête initiatique intérieure d’une héroïne qui nous pousse à réfléchir sur différentes notions humaines notamment les émotions, l’oubli, l’amitié, le souvenir, le temps qui passe, la vie et la mort.